A propos

FABIENNE BENVENISTE GUERRIÈRE PACIFISTE !

Imaginez une Amazone sortie d’un tableau de Botticelli qui voyagerait à travers les époques, changeant à chaque fois de costume et d’apparence. Elle serait, tour à tour, épouse sage, femme /femme, travesti entrant en scène dans un cabaret. Elle aimerait (et saurait) chanter, danser… Vous avez l’esquisse de Fabienne Benveniste. Une artiste qui déteste les cadres et les carcans, aime aller voir « derrière le décor », dans les coulisses. Épicurienne, esthète, elle jouit de la vie intensément.

Si vous affinez le portrait, cela donne des oxymores – Le mariage des contraires :
Douceur/violence ;
féminin/masculin ;contemplation/action ;brut/raffiné, pudeur/exhibition…. Son engagement artistique condense toutes ses facettes : Elle combine une peinture gestuelle qui a glissé de l’abstraction lyrique vers une semi-figuration centrée sur des corps, souvent sans tête, en mouvement. Des corps se fondant sur sa toile grâce à ses performances qu’elle crée devant ses œuvres monumentales qu’elle dévoile en même temps qu’elle se dévêt. Elle endosse alors, successivement, robe de mariée ou de gitane, tenue de « Wonder woman » ou de James Bond girl.

Son appétit la conduit à embrasser moult disciplines artistiques : à différentes formes de danse, elle ajoute le théâtre et le chant. En peinture, sa matière est sensuelle et jaillissante, donc elle ne se contente pas d’une toile

Nichée dans son petit atelier de la rue Saint-Georges, Fabienne peint de gigantesques toiles.

Sa dernière performance : une fresque de 18 mètres de long illustrant les métamorphoses historiques du XXe siècle à Courbevoie !

Mais là n’est pas l’expression principale de sa personnalité, son originalité va vers la représentation de femmes en mouvement, à travers des corps tout à fois esquissés, dévoilés, exhibés. Le tissu sert de toile de fond, quelques traits énergiques au fusain structurent ces envolées. Trace de son enfance marquée par l’entreprise familiale de textile, Fabienne utilise de la toile de Jouy qu’elle investit totalement, tant et si bien que les scènes bucoliques traditionnelles se fondent avec ses mises en scène colorées jetées dans une fièvre d’exploration que l’on sent illimitée.

Fabienne expose partout, dans des galeries bien sûr mais aussi dans des lieux insolites qu’elle affectionne particulièrement. Pour suivre ses expositions, rendez-vous sur son site. Et pour la rencontrer dans la confidentialité de son atelier, contactez-la directement.

Contact

54 rue Saint-Georges, 75009 PARIS
Tél 06 83 83 60 36
Sur Rendez-vous
Email : fab.benveniste@gmail.com
fabiennebenveniste.com

Fabienne Benveniste : peindre le sensible


Dans son petit atelier de la rue Saint-Georges, Fabienne peint de grands
formats. Des gestes vifs, de la couleur éclatante, du fusain, sans penser, sans
se juger. Sur la toile, des corps esquissés, surtout de femmes. Un éternel
féminin libéré et jouisseur.


Le travail du peintre, tout comme celui de l’écrivain, est un exercice solitaire.
Seul face à la toile, à l’abri dans son atelier, loin des sollicitations du monde
extérieur, l’artiste crée. Il est généralement peu enclin à ouvrir sa porte aux
curieux dans ces moments de création. Fabienne Benveniste, généreuse, nous a
pourtant laissé filmer son travail réalisé sur de grands formats. Des toiles flirtant
avec l’abstraction mais où des corps, des figures humaines apparaissent,
esquissés, dévoilés. Homme, femmes, travestis. Fabienne se garde bien de
répondre car chez elle, tout naît du geste, de la spontanéité. « Ça jaillit ! »
comme elle le dit si simplement. Et pour mieux se faire comprendre, Fabienne
aime à citer cette phrase du peintre allemand Gérard Richter : « Les toiles
abstraites mettent en évidence une méthode : ne pas avoir de sujet, ne pas
calculer mais développer, faire naître ».
Une sorte d’anti-manuel dont elle se
revendique, tout en se recentrant au fil du temps sur les corps féminins dénués
de tête. « Il me semble que je ne représente pas les femmes comme on les
représente habituellement »
explique Fabienne reconnaissant avoir peint le
féminin de façon admise mais s’en être dégagée. Et tant pis pour ce club de
femmes-entrepreneuses décontenancées par les formes généreuses d’une paire
de seins peints en direct dans le cadre d’un séminaire dans un lieu très
chic. « Ce n’était à l’évidence par leur vision de la femme qui entreprend »
glisse espiègle Fabienne qui revendique une part de combat féministe et de
totale liberté dans son approche.
Sans avoir réfléchi de manière conceptuelle sur son œuvre, elle parle
instinctivement de vérité. La sienne. De quelque chose d’essentiel et de trouble
qui semble affleurer, à la limite de l’émotion. Et à la question : « Qu’avez-vous
voulu dire dans votre peinture ? », Fabienne esquive la réponse : « C’est souvent
décevant pour le spectateur. Je n’ai pas de discours tout fait. C’est à lui plutôt à
dire ce qu’il ressent. On peut être ému par une toile, étonné, voire choqué car
j’ai bien conscience qu’on ne peut pas plaire à tout le monde. »

Une jeune fille en rupture de ban
Fabienne grandit dans un confort bourgeois sans histoire, une enfance marquée
par l’entreprise familiale de textile. Des souvenirs affleurent comme cette image
du premier chevalet et des tubes de peinture à huile offerts par ses parents. La
fillette d’alors entreprend de peindre la cabane à outils du jardin, une
remise offerte par les grands-parents pour leurs petits-enfants. « J’ai réalisé de
gros ronds blancs. Mon père en a été assez offusqué. Manifestement, j’étais déjà
rétive au cadre établi et j’aimais faire comme je l’entendais »
se souvient-elle.
En grandissant, la jeune fille se cherche un moyen d’expression graphique tout
en appréciant le comique, la farce et le théâtre. « Pour moi, l’esthétisme et la
mise en scène ont à voir ensemble. »

Bonne fille, Fabienne fera psycho comme sa mère. Elle rédige son mémoire sur
le rire avant de bifurquer vers les arts plastiques. Véritable électron libre, mal à
l’aise avec l’enseignement académique, elle change d’universités et termine ses
études grâce à quelques professeurs émancipateurs, qui valorisent la liberté chez
leur étudiants.
Rompant avec sa vie parisienne, la jeune fille s’envole pour Montréal et mène
une vie de bohème. « C’était les années quatre-vingt, l’Avant-garde totale et
j’aimais ça. »
Fabienne joue sur scène et peint le reste du temps au sein d’un
collectif joyeux et stimulant. « Je suis nostalgique de cette période où les
échanges entre les disciplines nourrissaient les artistes. Aujourd’hui, j’ai
l’impression que tout est plus cloisonné »
soupire Fabienne.
À l’époque, elle se tourne vers l’abstraction. « Une peinture très colorée, qui
ressemblait à une carte géographique comme une vue d’avion »,
une carte
mentale qu’elle jette sur la toile sans réfléchir.
La découverte du 9e
Après son escapade québécoise, Fabienne, issue de la Rive gauche, débarque en
1984 par hasard dans le 9ème arrondissement dans un immeuble de la rue de
Douai pour ne plus en bouger. « On y respirait la fantaisie, le théâtre, la danse,
les cabarets, l’art et son histoire. L’esprit de la Nouvelle Athènes n’était pas si
loin. Je ne changeais pas seulement de rive mais de siècle »
souligne la peintre
qui noue alors de fortes amitiés avec ses voisins. « Ces personnes étaient nées
dans l’immeuble avant la guerre de 14. Leurs parents qui avaient exercé en tant
que modiste, fourreur ou bien marchands de couleurs dans le quartier avaient
connu nombre de peintres impressionnistes de l’époque y compris le jeune
Picasso ».
Des personnalités qui séduisent aussitôt Fabienne par leur franc-
parler, leur extravagance et leur appétit de vivre. « Alors que
nous rénovions nous-mêmes notre appartement en tenue de combat, je
me souviens avoir été invitée au pied levé à un vrai déjeuner du dimanche digne
d’une peinture de Renoir »
se souvient-t-elle. Difficile de l’imaginer
aujourd’hui.
Et pour la petite histoire, c‘est dans son appartement que le premier court
métrage de la Nouvelle Vague “Une visite“ de François Truffaut, a été tourné en
1954.
Grands formats et toile de Jouy
La jeune femme, fraîchement mariée, a dû mettre la peinture en sommeil et se
consacrer à son époux qui se révèle difficile à vivre.
Elle travaille au Musée d’Orsay, écrit des scénarios pour l’animation et le jeux
vidéo. Elle fera néanmoins un portrait familial : « Avec ma fille aînée et nous
deux. Une composition imaginaire mais très ressemblante »
, un tableau qui reste
inexplicablement introuvable.
Au départ de son mari, deux enfants plus tard, Fabienne se lance dans une orgie
de couleurs, repeignant les murs de l’appartement. « Tout a redémarré ensuite
» note-t-elle.

Au milieu des années deux mille, une fois installée dans son atelier rue Saint-
Georges niché au sixième étage, la peintre va recommencer à produire de
nombreuses œuvres surtout des grands formats quand ses amis lui conseillent de
se tourner vers les petites dimensions, plus faciles à vendre. « Les grands
formats donnent une impression de liberté. J’y vais avec le geste. »
Car c’est
avant tout la touche sur le support qui intéresse et anime la peintre. Comme celle
de Cézanne ou de Bacon. Le coup de pinceau avant le motif. Celle qui aime
s’approcher des tableaux dans les musées « mettre le nez sur la toile comme
pour y entrer »
et ressentir alors ce que le peintre a ressenti. Une émotion qu’elle
tentera de capter face aux triptyques de Joan Mitchell1, lors de sa prochaine
visite à la fondation Vuitton.
Désormais, Fabienne peint sur de la toile de Jouy, souvenirs des intérieurs et des
siestes de son enfance. Elle y trouve alors un nouveau souffle, une nouvelle
inspiration : « C’était une période où je tournais en rond. J’étais prête à lacérer
la toile, de rage de ne pas réussir ».
Elle se procure au marché Saint-Pierre des
mètres de toiles de Jouy qu’elle déchire dans son atelier. « Je les ai traitées à
toute allure. Ne plus penser mais peindre avec des pigments en poudre mélangés
à une base acrylique ». Des fonds qui portent en eux une histoire déjà imprimée
sur laquelle Fabienne raconte la sienne. « J’y vois l’histoire des rapports
humains. »
D’un trait de pinceau, elle efface une biche ou laisse apparaître la
jambe d’un guerrier à l’intérieur d’une tête humaine, d’un homme, d’une femme
ou d’un travesti… Pour l’instant, Fabienne n’a pas la réponse. Elle abolit les
frontières. La guerre des sexes n’aura pas lieu sur sa toile.
Peintre et performeuse
Il y a une forme de théâtralité, proche du cabaret, entièrement assumée chez
Fabienne. Lors de ses performances en public, elle créé un personnage, endosse
le vêtement d’une mariée ou d’une fière andalouse et se met à dévoiler sa
peinture cachée sous de grands rubans noirs tout en envoyant valser son premier
costume « Sous mon costume, j’en ai un autre, une sorte d’Amazone
bottée maniant allégrement le fleuret. »
Celle qu’une journaliste du Monde a
surnommée la guerrière pacifique répugne à parler d’art conceptuel. « C’est
simplement une de mes expressions ».
Comme la fois où une grande toile,
prêtée pour un spectacle, lui revient déchirée. Alors que les échanges de
mails entre assurances s’éternisent, Fabienne décide de faire de cet accident, une
performance artistique. En déchirant systématiquement la toile en quarante-
quatre morceaux, comme autant de feuilles au format A4, les spectateurs
présents à son “ Fab Painting Show“ et tirés au sort, sont repartis avec un bout
de sa peinture, seuls vestiges d’une œuvre détruite. « Je n’ai même pas pensé à
les vendre »
souligne Fabienne qui admet ne s’être jamais donné les moyens de
vivre totalement de sa peinture. « Je fonctionne essentiellement sur mon réseau
et le bouche-à-oreille fait le reste ».

Lors de sa dernière exposition, une amie comédienne a dansé sur ses toiles
tandis qu’un invité a improvisé au piano. « J’aime le spontané. Quand c’est trop
organisé, c’est ennuyeux »
fait valoir Fabienne qui regrette que désormais plus
personne ne danse dans les galeries lors des vernissages.
Sa série “Robe et Champagne“ fait référence à une réponse faite à son père.
« Encore adolescente, il m’avait questionnée :“Mais au fond, qu’est-ce que tu
veux ?“ Je lui avait répondu : des robes et du champagne ».
Tout est dit en
quelques mots frondeurs. Face à l’incompréhension du père, une envie de
légèreté et de rires aux éclats ; un besoin de bousculer sans tout jeter non plus.
Trouver l’équilibre
Fabienne alterne entre des périodes très prolifiques de création et des moments
où elle laisse le pinceau reposer dans son pot « où ça ne vient pas comme je
veux ».
Quelques fois, elle insiste, recommence, s’énerve « mais il
est tellement facile de tout gâcher ».
L’équilibre à trouver est compliqué mais
est affaire de ressenti. Souvent, la peintre travaille sur deux toiles en même
temps, passe de l’une à l’autre dans une fièvre exploratrice.
Ce matin, quand Fabienne a ouvert la porte de son atelier et regardé la peinture
de la veille « Je la reçois en tant que spectateur », comme elle le fait à chaque
fois, elle s’est étonnée du résultat. « Parfois, c’est un choc, parfois surprenant et
c’est troublant ».


Frédérique Chapuis
Le Nouveau Neuf
Fabienne Benveniste (lien internet : fabiennebenveniste.com)
Prochaines expositions
Galerie Mona Lisa
32, rue de Varenne, Paris 7.
du 19 au 25 décembre 2022
Tous les jours de 14 h à 19 h sauf le dimanche
Vernissage le 21 décembre à 18 h
Une soirée exposition conviviale est prévue en décembre au Salon de coiffure
AU84
84 rue Blanche, Paris 9.


1.Joan Mitchell (1925 – 1992) peintre américaine issue de l’expressionnisme abstrait s’installa
en 1968 à Vétheuil, petit village surplombant la Seine. Son parcours artistique témoigne de la
fascination qu’elle éprouvait pour les œuvres tardives de Claude Monet (1840 – 1926) à
commencer par les Nymphéas.